Ainsi, la triste nouvelle est tombée: la librairie et vinothèque C. Pages va mettre la clef sous la porte à la fin novembre. C’est comme un rêve qui prend fin – une réalité utopique d’avoir à portée de main un lieu de rencontre et de dialogue entre livres de tous genres mentionnant Genève et produits à boire du terroir local, vins et bières.
C. Pages, organisme vivant
Lancé en 2022, le pari d’un café littéraire, au sens propre, genevois était ardi; l’emplacement non loin du Musée Voltaire était beau, et la librairie, Catherine Méan, était décidée à pousser les murs pour faire vivre ce coin de la rue Henri-Frédéric-AMIEL, au croisement avec la rue CAVOUR. Les événements se sont ainsi succédé, brassant les clients et clients et les vignerons et les vigneronnes. Les locaux mêmes ont bougé. Comme un organisme vivant, ils ont commencé à respirer. L’espace qui était pressenti pour faire s’attabler les personnes assoifées d’échanges, autour de la littérature ou non, juste pour refaire le monde, a eu le temps de s’affirmer. Sans que la table ne puisse devenir un incontournable, pour les gens de passage, les curieux ou les curieuses, ambassadeurs auto-proclamés d’Instagram et de « booktok ».
Un bout d’histoire de Genève
Bien sûr, le lieu résonne particulièrement pour moi. Dans un quartier découvert sur le tard, la librairie C. Pages a tout de suite attiré mon attention. Le logo était tout juste posé, le papier sur les vitres masquant l’écrin annonçait du condensé d’intelligence et de richesses, pour tous les goûts et tous les budgets. C’était ignorer alors l’humour de Catherine et tout l’enjeu de l’entreprise. J’y ai présenté mon livre frais du four – Genève en 366 jours – et il ne pouvait pas trouver meilleur rayon, meilleure exposition. Le partenariat entre Genève Les Portes et C.Pages était une autre évidence pour le concours organisé dans le cadre du Festival Histoire et Cité 2024. Et ç’aura été une vraie joie de travailler ensemble à que les participantes et participants rendent hommage à nos rues.
La librairie C.Pages va donc fermer et liquide son stock. On n’imagine pas le travail, dans l’arrière-boutique comme dans l’espace d’accueil, pour ces prochaines semaines d’automne forcément mélancoliques. Qui sait si le concept sera repris un jour? Assurément, cela sera différent. Le commerce rejoint la liste de ceux qui ont aussi fait la Cité, sans pouvoir en devenir une institution. À n’en pas douter, par son originalité, le souvenir de l’enseigne demeurera. Au moins chez celles et ceux qui l’ont connue. C’est déjà ça.
Et d’ici la fin novembre, c’est l’occasion d’aller parcourir le stock et enrichir ses étagères de livres locaux. Premières arrivées, premières servies. – Merci Catherine.
Illustration: ©Librairie et vinothèque C.Pages