En décembre 2022, la Tribune de Genève informait ses blogueurs maison de la fin de ce service. En début d’année 2023, c’est la plateforme pseudo-collaborative Signé Genève qui abaissait son rideau de fer. Au-delà des considérations économiques du groupe de presse, la question de l’expression publique, « citoyenne », se pose dans un monde où chacun revendique le droit à la parole — moi, le premier !
Exit les blogs de la Julie
Ils n’étaient pas très bien référencés, pas très bien mis en valeur non plus. Les blogs de la Tribune de Genève avaient surtout le mérite d’exister et de donner à presque tout le monde la possibilité d’alimenter le débat.
Avant de publier mon livre, je n’étais pas sûr de remplir les conditions pour solliciter une tribune. Faire partie de la communauté ne suffisait pas et s’imaginer noyer dans la masse n’était pas non plus très incitatif.
J’ai pensé rejoindre la cohorte au moment où l’éditeur décidait d’abandonner son service gratuit. Il avait un potentiel, pourtant. Peut-être pas beaucoup d’argent à faire, c’est sûr, mais la masse de contenu avait indubitablement de la valeur…
« Signé Genève », réincarné en groupe Facebook
L’autre outil de la Julie était une plateforme généreuse lancée en octobre 2012. Pour citer le communiqué « ce concept alors innovant permettait de mettre en relation les Genevois avec les Genevois ». Sous prétexte de ne plus être en phase avec les aspirations des internautes, le journal a décidé d’arrêter les frais… en transférant le concept sur Facebook. Tant pis si Facebook n’est pas vraiment populaire et surtout une entreprise tierce pas vraiment « blanc bleu ».
Fort de mon expérience de journaliste, je m’étais inscrit avec l’espoir de collaborer. La charte éditoriale m’en a dissuadé, j’ai lancé Genève Les Portes, en 2017, pour rester maître de mes textes — quitte à travailler gratuitement. Par la suite, j’ai voulu apporter du contenu complémentaire et unique… qui n’a jamais été publié. Tant pis.
Au bout du compte, personne vraiment n’a pleuré le choix de l’éditeur. Moi non plus.
J’imagine volontiers le travail de modération pour une qualité limitée, pour des retombées anecdotiques. Je suis sceptique sur l’idée d’un groupe Facebook et suis nostalgique du gratuit Nouvelles.ch, qui apportait en fait beaucoup aux quartiers de Genève. Avis à la relève : je participerai volontiers !
Photo: ©TDG